Jeff Koons et Bernardaud, l’art du dialogue
Fruit d’une collaboration exceptionnelle entre l’artiste américain Jeff Koons et la manufacture Bernardaud, Lobster revisite l’un des motifs les plus emblématiques de l’œuvre de l’artiste. Inspirée de son célèbre homard gonflable, cette sculpture en porcelaine, produite à 99 exemplaires, réunit art contemporain et excellence artisanale.
C’est à Versailles, en 2008, année de la grande exposition que le château consacre à Jeff Koons, que l’artiste découvre le faste des arts décoratifs français et l’élégance des surtouts de table qui ornaient les banquets royaux. Cette exposition marque aussi la rencontre entre le créateur américain et la maison centenaire Bernardaud, à l’origine d’une collaboration durable entre art contemporain et savoir-faire porcelainier. Après plusieurs projets communs, les deux partenaires signent aujourd’hui avec Lobster une pièce d’exception transformant l’iconique homard gonflable de Koons en un centre de table monumental. « Faire dialoguer l’œuvre de Jeff Koons dans le domaine des arts de la table grâce aux savoir-faire de notre Manufacture est une grande fierté pour nous », souligne Michel Bernardaud, président de la maison éponyme.
Constituée de dix-huit éléments amovibles, la pièce recèle treize compartiments dissimulés dans les pinces, la queue et sous la carapace. Huit années de mise au point et la mobilisation de plus de quarante artisans ont été nécessaires pour relever les défis techniques de moulage, d’assemblage et d’émaillage. L’obtention d’un rouge vif fidèle au modèle gonflable a exigé sept cuissons successives, à des températures comprises entre 800 et 1 400 °C. Résultat : une sculpture de 85 cm de long, aussi spectaculaire par sa présence que par sa précision.


Présentée à l’horizontale, Lobster s’impose au centre de la table comme un trompe-l’œil pop et démesuré. En renouant avec la tradition des surtouts du Grand Siècle, Koons abolit les frontières entre l’art et les arts décoratifs, inscrivant son œuvre dans un dialogue entre passé et présent. L’artiste revendique d’ailleurs le lien avec les surréalistes : « J’aime le homard parce que c’est un symbole à la fois masculin et féminin. Sa queue évoque les plumes d’une danseuse tandis que ses bras rappellent la croix, plus masculine ».
Clin d’œil à Dalí et à son Téléphone Homard de 1936, cette pièce d’exception s’inscrit dans la continuité des références de Koons au Surréalisme et au Dadaïsme. Comme ses illustres prédécesseurs, l’artiste explore les dualités – le souffle, la biologie, la sexualité – en réinventant les objets du quotidien. Chez Bernardaud, il trouve l’écrin idéal pour donner forme à cette vision : celle d’un art qui se partage à table, entre raffinement, provocation et sens du merveilleux.
